J’avais entendu parler de Giacometti-Ravenne mais n’avais encore jamais lu un de leurs romans. C’est désormais chose faite avec Le Septième Templier. Certes, je commence par la fin, puisqu’ils ont déjà produit des ouvrages avec le héros du récit, Antoine Marcas… du coup, j’ai peut-être quelques blancs à combler et ceci expliquerait peut-être cela (on va y revenir).
Le livre se base sur une légende qui continue à faire rêver
historiens et archéologues : le fameux trésor des Templiers. Bon nombre
d’ouvrages reprennent le mythe et chaque auteur y va de sa petite
hypothèse, contribution destinée à faire grossir un peu plus l’Histoire
de la fin de l’Ordre du Temple, ordonnée par Philippe le Bel.
La construction n’a donc rien d’originale dans ce genre d’œuvre puisque les auteurs font voyager le lecteur entre le début du 14ème
siècle et notre époque avec des chapitres relativement courts qui
dynamise l’intrigue. Cependant, le principe fonctionne toujours aussi
bien.
Trois grands axes se dessinent alors, trois histoires qui trouveront à
un moment donné leur point de jonction. Le premier axe est bien entendu
celui décrivant la chute de l’Ordre du Temple, avec les complots
orchestrés entre Philippe le Bel et le pape Clément V.
Le deuxième axe tourne autour du Vatican lui-même, à notre époque. Et
le dernier, bien entendu, suit les périples d’Antoine Marcas,
commissaire franc-maçon au département des objets historiques volés.
Je vais être franc (sans être maçon, elle était facile !), ce n’est
certainement pas la partie contemporaine qui m’aura le plus emballé.
Marcas n’est pas intéressant alors qu’il a tout pour plaire. Dès qu’on
parle de franc-maçon, on peut tomber sur tout et son contraire et
l’énigme est si complexe qu’elle en est forcément intéressante. Or, ici,
aucun volume le Marcas, tout juste bon à servir d’aiguillage à
l’intrigue qui, elle, se révèle plus intéressante (et encore !). N’ayant
pas lu les précédentes aventures de cet Indiana Jones au rabais, c’est
peut-être ce qui explique que je n’ai pu adhérer au héros. Et si c’est
le cas, cela signifierait que l’on a fait le tour du personnage, qu’il
n’est donc pas aussi intéressant que cela pour parvenir à ne plus savoir
quoi dire sur lui.
Le point de vue du Vatican passe encore même si c’est loin d’être ma
tasse de thé. Mais j’avoue jubiler quand on nous présente une sainte
église blanche et pure s’adonner à toutes sortes de blasphèmes qu’ils
condamnent eux-mêmes.
Les passages décrivant ce 14ème siècle sont donc les plus
réussis, les plus captivants. En s’appuyant sur les faits historiques,
les auteurs parviennent à montrer leur vision des choses. On sent la
documentation approfondie mais également les hypothèses avancées pour
expliquer les évènements flous (notamment sur la fuite des Templiers) ou
la volonté de revenir sur des parties de notre Histoire pour leur
donner une autre vision, quitte à donner dans le sensationnel.
En fin de volume, on trouve d'ailleurs une petite liste des libertés
prises par les auteurs. Liste qui vient renforcer le fait que tout n'est
pas aussi clair dans notre Histoire...
On retrouvera cette façon de mêler actualité et roman dans la partie
consacrée au Vatican. Les auteurs n’hésitent ainsi pas à rapprocher
l’affaire Madoff et l’Église ou même de glisser un mot sur l’affaire Kiervel. Le fonctionnement de cet état est d’ailleurs très bien expliqué.
Cependant, quand on revient sur notre héros, c’est une autre paire de
manches où là, on a affaire à tout un tas d’incohérences, voire de
principes que l’on ne voit que dans les mauvaises séries (comme les
journaux diffusant des images de l’attentat sur le pape… dubitatif…), de
raccourcis scénaristiques douteux, de situations tirées par les cheveux
avec des méchants des années 70 qui expliquent leurs plans alors qu’ils
assurent vouloir tirer sur leur cible… Je n’attaque pas l’aspect
historique puisque je ne suis pas expert en la matière. Au contraire,
ces passages, ces idées, me poussent à approfondir les recherches,
découvrant des principes, des choses que je ne connaissais pas avant.
Par contre, sur le déroulement de l’intrigue, les personnages, etc. il y
a des choses qui ne se font pas ou ne se font plus et qui méritent plus
de réflexion pour renforcer les tensions aux moments cruciaux et éviter
de tomber dans le facile. On ne fait pas passer un tueur pour
intelligent si c’est pour lui donner des propos ou des réactions
absurdes quand on balance son héros dans une (pseudo) impasse. On ne
fait pas boire un poison à son personnage pour le ressortir d’on ne sait
où, on ne sait comment avec pour seule explication : « Ah ! Je vous ai
bien eu, j’ai fait semblant de boire le truc pas bon ! »
Bref ! De petits détails bâclés qui à force de faire sourire plombent ces passages qui ne valent plus grand-chose.
Il y a bien un autre point plus important qui me chiffonne et qui en
fait remet en question tout le roman mais je ne peux malheureusement pas
en faire part dans ces lignes sans spoiler l’ensemble du livre. Car si
on supprime ces petits détails gênants, ces incohérences, ces facilités
sous prétexte que ce n’est qu’un roman, ça reste très plaisant et très
facile à lire.
Je m’attendais quand même à quelque chose de plus abouti, sans erreur
trahissant peut-être un manque d’imagination sous couvert d’une
documentation historique et contemporaine des plus fouillées.
À noter que l’édition que j’avais entre les mains était exécrable :
un nombre incroyable de points non imprimés, des fautes de déterminants,
etc…
Point de vue écriture, il y a aussi à déplorer des répétitions dignes
d’une rédaction d’élève de CE et un sens du suspense quelque peu désuet
de nos jours. La façon de faire est toujours la même et se répète au
fil des chapitres : le personnage en sait plus que le lecteur et on le
fait bien savoir à ce dernier dans l’espoir qu’il aille au chapitre
suivant pour la révélation. Ce lecteur se trouve alors exclu de
l’intrigue alors qu’on aurait tout intérêt à le laisser anticiper les
choses (seulement, les ficelles sont si grosses que ça serait du foutage
de gueule que de faire ainsi).
Et attention les gars à la manière dont vous agencez vos mots :
parfois, la phrase ne veut plus dire la même chose ou alors elle
constitue une faute de Français si énorme que l’on en est à se demander
si ce n’est pas un collégien qui écrit ça.
Autant de points négatifs qui m’ont déçu dans la découverte de ces
auteurs et qui les font presque passer pour des amateurs de la langue
française…
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