dimanche 10 juillet 2016

Marche ou Crève (Richard Bachman - Stephen King)

Marche ou Crève (Richard Bachman - Stephen King)

100 au départ, un seul à l’arrivée, pour tous les autres, une balle dans la tête. Telle est la règle simple et radicale de la Longue Marche.

D’abord publiée sous son pseudo Richard Bachman, King s’interroge ici sur la base même de la vie et le constat est imparable : on marche ou on crève.
Tout au long de l’expédition, il va traiter des innombrables interrogations de ses personnages, tous des ados. C’est ainsi qu’il analyse le passage à l’âge adulte, la prise de conscience que nous ne sommes pas éternels et de devoir mourir un jour, l’envie et l’espoir de faire quelque chose de sa vie avant que nous n’en n’ayons plus la possibilité, la prise de conscience du bonheur, aussi simple soit-il, qui nous entoure.

Au fur et à mesure que les kilomètres s’étirent, la folie guette et gagne les esprits. Le verdict est violent, sans appel. Trois avertissements et c’est une balle dans la tête avec une froideur calculée, un désintéressement total de l’armée encadrant les participants, avec à sa tête le commandant, la figure paternelle absente dans les moments les plus éprouvants de l’expédition.

Comme il le fait dans toute la première partie de sa carrière, Stephen King analyse une fois de plus les relations entre parents et enfants. Sauf qu’ici, il s’intéresse principalement au père, le plus souvent absent dans la vie des participants ou alors sans grande envergure, une grande gueule qui n’a pas le courage de ses opinions, par crainte d’être enrôlé.

Emprunt de grandes réflexions, abordant des sujets variés à la base de toute vie d’adolescent, King prend le taureau par les cornes et n’hésite jamais à parler ni du plus redoutable ni du plus atroce.

Même si je reconnais l’indéniable qualité du roman et de son propos, il y a tout de même quelque chose qui me gêne au plus haut point dans ce récit. Qu’il s’agisse d’une dystopie n’est pas un souci : une fois le décor planté, on entre dans l’univers avec les règles nouvellement établies. Ici, mis à part quelques détails qui nous poussent à penser que nous ne sommes pas à notre époque mais dans un futur plus ou moins proche, il n’y a aucun moyen permettant d’ancrer le récit précisément, ce qui rend le contenu intemporel.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas ce qui m’aura dérangé. Non, ce qui m’a gêné c’est le fait que ces 100 participants s’inscrivent à une marche pour gagner un prix dont ils ignorent tout ou presque et en sachant qu’ils n’auront qu’une chance sur 100 d’être le vainqueur. Ils savent que pour tous les autres, se sera le sac à viande froide et pas une simple élimination.
Pour moi, c’est inconcevable qu’un personnage puisse agir de la sorte. Il n’a aucune carotte assez grosse pour lui permettre de provoquer la mort à ce point. Une seule solution dans ce cas : tous sont suicidaires. Mais si King aborde le sujet à un moment donné, on comprend que ce n’est pas le cas. Ils savent ce qui les attend, ils partent en toute connaissance de cause et pourtant ils ne savent pas ce qu’ils font. Ils acceptent l’idée du suicide qu’en dernier recours, parce qu’ils n’ont pas trouvé la réponse à leur engagement. Alors certes, se sont des ados et bien souvent on dit que les ados ne savent pas ce qu’ils font mais au delà du cliché, même un ado à l’instinct de conservation. Pour moi, le principe ne tient pas la route et du coup ce récit n’a aucune raison d’être dès le départ. Si la métaphore sur ce qu’est notre vie est parfaitement assimilée (marche ou crève), il ne faut pas oublier un point important : nous n’avons jamais demandé à venir au monde. Nous n’avons pas eu le choix. Les participants, eux, l’ont eu. Et pour moi, ça fiche tout en l’air, amoindrissant l’impact de la leçon qui suit sur 350 pages.

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